Avez-vous déjà essayé de reproduire la recette d’un chef étoilé à partir de son livre de cuisine ? Et alors ? Est-ce que ça a fonctionné ? Sans doute pas… Ou pas aussi bien que ce que vous espériez… ou que ce que ce chef aurait fait lui-même 😉. En effet, même avec une excellente recette, on ne parvient pas toujours au résultat escompté. De nombreux facteurs influencent le résultat final. Et bien, pour la CNV, c’est un peu la même chose. Ce n’est pas parce qu’on connaît, ou pense connaître, la technique (notamment le fameux processus OSBD), que l’on pratique la Communication NonViolente. A l’image d’une recette de grand chef, la CNV ce n’est pas qu’une liste d’ingrédients et une succession d’étapes. C’est beaucoup plus global et profond que ça.
Saupoudrer ses pratiques d’un peu d’OSBD ne fait pas de la CNV
Si vous vous intéressez un peu à la CNV, vous pouvez trouver un grand nombre de ressources sur Internet. Notamment sur le processus OSBD. En effet, le processus OSBD pour Observation, Sentiment, Demande et Besoin est un principe fondamental en CNV. Cependant, et c’est primordial de le rappeler : il ne suffit pas à lui seul pour pratiquer la Communication NonViolente.
Petite explication 🙂
Comme l’écrit Marshall Rosenberg, psychologue clinicien et fondateur de la CNV, dans son livre “Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)”, Le processus OSBD sous-tend la démarche de la CNV, Il le résume ensuite de la façon suivante :
- Observation : J’observe un comportement concret qui affecte mon bien-être
- Sentiment : Je réagis à ce comportement par un sentiment
- Besoin : Je cerne les désirs, besoins ou valeurs qui ont éveillé ce sentiment
- Demande : Je demande à l’autre des actions concrètes qui contribueront à mon bien-être
Derrière cette description synthétique de chaque composante du processus, il y a de nombreuses subtilités. Et il faut des années de pratique et de questionnement pour commencer à les saisir !
La phase d’Observation : distinguer les faits de leur intérprétation
Par exemple, dans la première phase, celle de l’observation, je vais bien faire la différence entre les faits (ce que je vois, ce que j’entends) et ce que je me raconte sur ces faits (que je vais observer également puis détricoter).
La phase Sentiment : plonger dans sa vulnérabilité
La phase “Sentiment” va me permettre ensuite d’identifier et exprimer mes sentiments nés de la situation observée. Pour y parvenir, je peux répondre à la question “Qu’est-ce que j’éprouve ?”. Il me sera ici nécessaire de bien distinguer les sentiments dont je prends la responsabilité de ceux dont je serais tenté de déplacer la responsabilité sur l’autre (interprétations mentales ou évaluations masquées). Cette phase délicate nécessite d’avoir enrichi son panel de vocabulaire pour exprimer ses sentiments avec finesse. De fait, elle va aussi, petit à petit, nous amener à découvrir (peut-être…?!) et accueillir notre vulnérabilité 🙂.
La phase Besoin : d’où viennent mes sentiments ?
Après avoir identifié et nommé mes sentiments, je vais les interroger pour aller chercher ce qu’ils ont à me dire et en trouver l’origine. Quelle est la cause de ce sentiment ? De quel besoin me parle t -il ? De quelle envie non satisfaite ou satisfaite?
La phase Demande : comment puis-je me sentir mieux ?
La dernière composante du processus OSBD est celle de la demande. Celle où je vais verbaliser une demande qui m’aiderait à me sentir mieux, à prendre soin de mon besoin et donc à me rendre la vie plus belle. Il s’agit bien là d’une demande et non d’une exigence. Et la différence entre demande et exigence n’est pas une question de vocabulaire ou de ton employé mais d’intention. En réalité, cette demande va matérialiser ma volonté d’entrer en relation avec l’autre, le début du dialogue.
Vous aurez compris qu’on n’a jamais vraiment fait le tour du processus OSBD. Qu’il est subtil, complexe et que son objectif n’est pas simplement de modifier notre façon de parler. Il est bien plus un chemin pour modifier notre façon d’être au monde et d’interagir avec l’autre.
Et, comme le rappelle très justement Issâ Padovani, formé à la CNV par Hélène Domergue-Tappolet, le processus OSBD est d’abord un outil de dialogue intérieur pour être mieux avec soi et donc avec les autres.
Si on repense à notre recette de cuisine, on peut dire qu’OSBD fait partie des ingrédients essentiels de la CNV. Même après des années de pratique, on continue d’en explorer les subtilités. En outre, dans la CNV, bien d’autres ingrédients entrent en jeu !
La CNV : plus qu’une technique, un apprentissage des relations
Le processus OSBD est une technique au service de la mise en place d’une autre forme de communication. Et, plus globalement, d’une autre forme de relation et d’interaction avec l’autre.
Ce qui fonde la CNV c’est d’abord une intention, celle de prendre soin de la relation dans le respect des besoins mutuels. C’est aussi une qualité de présence à soi et à l’autre, un état d’esprit. Nous y reviendrons dans un prochain article 😉
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