Après notre article sur les limites et la façon de les poser dans rompre la relation, ce deuxième article de la série “Manager avec la CNV” est consacré à la thématique du pouvoir… Vaste sujet sur lequel la CNV invite à changer de regard, voire de posture.

Manager sans infantiliser : libérer le pouvoir
Poser des limites, déléguer, exercer son autorité…
Ces gestes du quotidien paraissent simples mais, en réalité, ils touchent à une question bien plus profonde : comment j’exerce mon pouvoir en tant que manager ?
En Communication NonViolente (CNV), le pouvoir n’est pas domination. Il n’est pas là pour contraindre ou neutraliser.
Il est au service de la relation, de la coopération et du sens commun. Et cette bascule – du pouvoir sur au pouvoir avec – change tout.
Quand le management infantilise : une histoire vraie
Il y a quelques mois, j’ai accompagné une cheffe de service très professionnelle mais épuisée. Elle contrôlait tout : le planning, les mails, les validations. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu :
“Mon équipe n’est pas encore assez autonome. Si je ne surveille pas, rien n’avance.”
Résultat ? Des collaborateurs qui attendaient systématiquement son aval, prenaient peu d’initiatives, et une responsable débordée, frustrée, parfois en colère contre ceux qu’elle appelait pourtant “ses piliers”.
Lors de son accompagnement, elle a pris conscience qu’elle n’osait pas s’affirmer dans son rôle de Manager, parce qu’elle n’était pas à l’aise avec cette notion de pouvoir. En travaillant ensemble à sa relation au pouvoir, à son leadership, elle a osé dire à son équipe :
“J’ai besoin de confiance et de coopération pour avancer ensemble à l’atteinte de nos objectifs”
Ce n’était pas une formule magique. Mais ce jour-là, la posture avait changé. Elle n’était plus la gardienne de tout, mais la garante d’un cadre clair où chacun pouvait agir. Quelques semaines plus tard, elle m’a dit :
“Je découvre que quand je lâche le contrôle, non seulement ils osent, mais ils me surprennent.”
Pouvoir, autorité, autoritarisme : remettre de la clarté
La CNV nous aide à distinguer trois formes de pouvoir :
- Pouvoir sur : imposer, contrôler, dominer.
- Pouvoir avec : coopérer, co-responsabiliser, inclure.
- Pouvoir intérieur : se relier à ses besoins et valeurs pour agir avec cohérence.
Et trois postures d’autorité :
- Autoritarisme : faire obéir, punir, neutraliser.
- Laxisme : éviter le conflit, diluer le cadre.
- Autorité consciente (Thomas d’Ansembourg) : incarner une direction claire tout en respectant l’autre.
Manager sans infantiliser, ce n’est pas renoncer à son autorité. C’est oser dire non sans humilier, oser dire oui sans se renier, et surtout oser créer les conditions de l’autonomie.
Le cœur de la CNV : une posture, pas une technique
Un malentendu fréquent réduit la CNV à une méthode de communication polie. Or, ce n’est pas l’enrobage des mots qui change une relation, c’est l’intention derrière ces mots.
Quand un manager formule une limite avec le processus OSBD. (Observation, Sentiment, Besoin, Demande), ce n’est pas pour appliquer une recette. C’est parce qu’il choisit de parler depuis lui, dans l’authenticité, et d’ouvrir un espace où l’autre peut exister aussi.
Cela demande du courage :
- Courage de se montrer vulnérable (“Je me sens épuisé quand je dois valider chaque détail”).
- Courage de poser un cadre ferme (“Les consignes sont claires et non négociables sur ce point”).
- Courage d’écouter la réaction de l’autre, même si elle est inconfortable.
C’est là que la CNV prend toute sa puissance : elle crée de la responsabilité partagée, au lieu de fabriquer de la dépendance ou de la soumission.
Un repère simple :
Si vous débutez en management, vous pouvez vous appuyer sur deux questions clés :
- Est-ce que je parle depuis un “je sais pour toi” ou depuis un “je crée les conditions pour que tu oses” ?
- Est-ce que je clarifie le cadre (mes besoins, mes attentes, les règles du jeu) avant de demander de l’autonomie ?
Si vous managez depuis des années, la CNV vous invite à une forme de dépouillement :
- quitter le réflexe de contrôle,
- abandonner le masque du “je dois toujours tout maîtriser”,
- cultiver une autorité qui ne repose plus sur le statut mais sur la légitimité relationnelle.
Ce n’est pas plus simple, au contraire. C’est une pratique exigeante qui oblige à se confronter à ses propres peurs : peur du vide, peur de perdre la face, peur de ne plus être nécessaire. Mais c’est précisément dans cette vulnérabilité assumée que se construit un leadership inspirant.
En pratique : un petit pas dès demain
- Identifiez une situation où vous contrôlez trop ou pas assez.
- Clarifiez votre intention : quel sens à cette règle ou cette consigne ?
- Exprimez-la en OSBD, puis… écoutez la réaction de l’autre.
- Ajustez : fermeté sur le cadre, souplesse sur la manière.
Manager sans infantiliser, ce n’est ni céder ni dominer, c’est exercer son pouvoir avec et non sur, en s’appuyant sur son pouvoir intérieur. La CNV n’est pas une technique mais une posture qui allie authenticité, fermeté et respect.
Manager sans infantiliser, ce n’est pas renoncer à son autorité. C’est l’exercer autrement : avec authenticité, fermeté et respect. Et c’est dans cet équilibre que naît un leadership inspirant.
Et vous ?
Dans votre pratique actuelle, à quels moments tombez-vous dans le pouvoir sur ou dans le pouvoir dilué ?
Et quel premier petit pas pourriez-vous poser pour aller vers plus de pouvoir avec ?
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